Important: Certains noms spécifiques et noms d'objets peuvent différer de la traduction dans le jeu.

L'agent Makalani regarda pensivement son rapport, qui clignotait en lettres vertes sur l'écran du moniteur. Comme toujours, le Comité serait mécontent de ses conclusions. Rysina crierait et taperait du poing sur la table, mais il n'avait pas d'autre choix à leur proposer. De nombreuses années avaient été consacrées à des recherches infructueuses, à la poursuite de fantômes. Il avait constamment été entravé, mais il n'avait pas abandonné et avait poursuivi son travail.

Pendant longtemps, il s'était demandé "Pourquoi?". Pourquoi la machine puissante et impitoyable de l'Empire ne l'avait-elle pas éliminé? Se pouvait-il qu'il ait des protecteurs mystérieux qui l'avaient sauvé à plusieurs reprises de situations apparemment désespérées?

Cependant, cette fois-ci, il semblait qu'ils l'avaient abandonné... Des mois passés à essayer de résoudre ou même d'approcher le mystère n'avaient abouti à rien. Plongé dans ses pensées, il relut son rapport :

"La communauté des Arisens sur l'allod de Kadagan a ses propres particularités, qui peuvent dérouter ceux qui sont habitués à d'autres représentants du peuple Zem. Cependant, il est de notoriété publique que Nefer Ur lui-même ait divisé ses compatriotes en trois groupes : les Absolutistes, les Progressistes et les Mystiques. Pour beaucoup, l'image des Arisens debout devant une paillasse de laboratoire, élargissant les horizons de la connaissance, est peut-être devenue quelque peu canonique. Réfléchissez-y : pour nous, ce sont les disciples les plus proches d'Ur lui-même, qu'il qualifiait de ceux qui croient que "l'avenir du monde ne peut dépendre du hasard".

Mais il existe une autre partie du peuple Zem qui croit qu'il n'y a plus rien à atteindre, que leur condition est déjà proche de l'idéal absolu, que le temps s'est arrêté et que seule la chance et une simple coïncidence de circonstances leur ont permis d'atteindre l'immortalité. Ce sont des décadents et des pessimistes pour qui la vie n'est qu'un souvenir du passé.

Oui, les peuples de Sarnaut connaissent très bien les premiers, mais quant aux seconds... ils ne savent presque rien des "absolutistes". Kadagan, le cœur d'acier de la civilisation ressuscitée de Hickut, où la ville animée de Sar-Iram abrite une importante population composée principalement de morts-vivants, vous les présentera comme le groupe dominant.

Mais vous attendiez-vous à ce que tous ceux qui ont été ressuscités oublient comment ils étaient vivants?"

Il regarda sa compagne. Son charme était si... irréprochable ? Une peau grise parfaite, des implants et des augmentations intégrés, vêtue uniquement d'un masque élégant, des membres en métal noirci. Elle était la perfection de son espèce. Quel dommage qu'elle ait été assignée à lui uniquement pour surveiller chacun de ses mouvements.

Chaque matin, elle partait avec une carte jeb cachée dans son shunt caudal, sur laquelle elle transférait les informations qu'il avait recueillies sans qu'il s'en aperçoive.

Il continua à lire son rapport, ignorant son regard avide. Bien sûr, elle était dévouée... à cet homme. Celui dont le nom était caché sous la plus stricte interdiction. Celui dont même les membres du Comité ignoraient l'existence, car même les gardes devaient être surveillés.

"Les absolutistes ne constituent pas non plus une communauté unifiée liée par des intérêts communs. Ils sont divisés en plusieurs groupes, chacun ayant ses propres objectifs. Plusieurs d'entre eux peuvent être identifiés sur Kadagan.

Le premier d'entre eux, que j'appellerai "hebetts", également connu sous le nom de "henens", représente une sous-culture qui pénètre progressivement tous les secteurs de l'Empire. Leurs origines remontent aux dernières années de Hickut, à une époque où les technologies créées par les mécaniciens permettaient de construire des dispositifs techniques très complexes. Ces dispositifs, collectivement appelés "jeb-tech", servent à afficher une sorte de réalité illusoire sur des écrans holographiques ou à la transmettre directement au cerveau. Un exemple de "jeb-tech" de très haut niveau était le monde des illusions créé par Tep, mais des modèles plus primitifs sont également très attrayants. Les hebetts passent tout leur temps sur le réseau jeb ou avec des appareils jeb, à jouer et à se divertir, sans interruption pour aucune autre activité. Ils organisent également divers tournois, où les hebetts se réunissent dans des clubs spécialement équipés pour eux.

Le deuxième groupe, je l'appellerais "kheni". Les kheni sont des auditeurs actifs de musiciens appartenant à divers genres musicaux. Les bardes de Kadagan constituent un groupe distinct et très respecté, mais en raison de leur attitude critique envers l'Empire et sa politique, ils ne sont pas représentés dans l'armée, contrairement aux tambours et aux chanteurs de ballades. Ici, ces bardes sont appelés "Shemau", et chacun de leurs concerts attire des foules de fans. Cependant, selon le Shemau qu'ils vénèrent, les Kheni eux-mêmes sont divisés en catégories distinctes. Actuellement, deux groupes ont gagné en popularité : les "Sekhems", qui ont accepté leur mort et fait la paix avec elle, et les "Yakebs", qui tentent d'imiter les émotions qu'ils ont perdues en exagérant leur expression.

Parmi ceux qui méritent d'être mentionnés, je dois citer les "haysatkas", autrefois prêtresses, aujourd'hui danseuses, qui attirent les Arisens dont l'esprit s'accroche encore aux joies perdues, désormais inaccessibles aux vivants. Les plaisirs de la chair sont désormais remplacés par une imagination fertile, et les nombreuses productions des haysatkas ornent désormais les murs de Sar-Iram partout dans la ville. Cependant, elles utilisent aussi activement le réseau jeb, proposant des sessions complètes aux spectateurs séduits qui sont prêts à dépenser leurs derniers sous pour cela.

Après avoir mentionné ces demoiselles sans vergogne mais respectueuses des lois, je me vois contraint de passer à celles qui ne sont pas aussi inoffensives. Le Comité les connaît peut-être sous le nom collectif des Hérétiques de Zem, que nous avons rencontrés plus d'une fois en dehors de Kadagan. Mais ici, cette bande criminelle a réussi à s'implanter et commence même à défier l'autorité de Nefer Ur lui-même. Le fait est que les hérétiques sont en réalité les véritables dirigeants de Hickut, renversés lors d'un soulèvement réussi peu avant la peste de Tep. Aujourd'hui, ces prêtres et nobles autrefois puissants rêvent de retrouver leur pouvoir.

Ils recrutent désormais une caste spéciale parmi les Arisens, les "robo-bêtes" : des adeptes d'anciens cultes et des amateurs d'augmentations supplémentaires. Parmi eux se trouvent les plus jeunes membres du peuple Zem, prêts à tout pour augmenter leur propre force, allant même jusqu'à accepter de se mettre à quatre pattes, comme des bêtes sans cervelle.

Cependant, il existe également des alliés de Nefer Ur parmi la noblesse, comme la famille Khadmon, qui possède son propre manoir dans la ville et qui est depuis longtemps responsable des rites funéraires et des enterrements à Hickut, et qui lui est fidèle. Aujourd'hui, leur responsabilité s'étend à la restauration des corps des nouveaux ressuscités et au contrôle des corps qui n'ont pas trouvé leur propre étincelle, pour lesquels ils coopèrent avec la branche locale du Nécroincubateur.

Cependant, tous les "absolutistes" ne se livrent pas aux divertissements : un autre groupe comprend les "kahutei", des ouvriers manuels qui travaillent à la fois dans la carrière locale et dans le port astral. Les Kahutei désapprouvent tous les autres, en particulier ceux qui ne travaillent pas de leurs mains dans les usines et les installations, ceux qui se livrent à des activités purement intellectuelles. À leur tour, ils les appellent tous "shepesei", et la confrontation entre les "kahuetei" et les "shepesei" s'intensifie chaque jour.

À ce propos, de nombreux projets scientifiques sont actuellement menés sur Kadagan, allant du développement d'un nouveau type de réseau de portails à des biofermes où sont élevés des biomorphes. Cependant, j'aimerais attirer l'attention du Comité sur certains d'entre eux qui présentent un intérêt particulier.

Tout d'abord, il s'agit d'une bibliothèque-informatoire, une collection d'informations sur tout ce qui existe. L'actuel directeur de l'informatoire, Negus Menes, et sa petite amie, Nomarch Miu, s'intéressent de très près à l'histoire des derniers mois de Hickut et à la personnalité de Tep. La rumeur dit que Negus Menes a réussi à déterrer des faits extrêmement gênants qui pourraient jeter une ombre sur toute la civilisation des Arisens.

AUn autre projet est mené par Negus Kambizet, qui gère la station d'énergie astrale locale, KAES. KAES dispose d'un réacteur expérimental à haut potentiel, mais pour des raisons inconnues, ces derniers mois, il n'a pas été assez puissant pour fournir une alimentation électrique ininterrompue à l'ensemble de Kadagan. Certains pensent que cela pourrait être dû à la consommation d'énergie, mais à quoi sert-il exactement? Certains pensent qu'il sert à extraire du jeb-hedge, qui est calculé sur des appareils nefet, tandis que d'autres pensent que les shemau et leur technologie sont responsables des problèmes. Mais j'ai une théorie différente, que je ne suis pas encore prêt à présenter au Comité. Je dois d'abord me rendre dans les salles souterraines situées sous la station pour comprendre ce qui y a été installé récemment par les employés de Nefer Ur.

Si vous êtes intéressé par les "robo-bêtes" que j'ai mentionnées plus haut, je peux affirmer avec certitude qu'elles ont été créées par Negus Pylis, responsable du projet "Dome", qui mène des recherches sur le sang primordial qui nous permet, à nous les Arisens, de fonctionner, et sur les possibilités d'interaction entre le vivant et le non-vivant. "Dome" est une installation fermée dont les expériences sont très dangereuses, et les émissions de cette entreprise ont provoqué des mutations à grande échelle dans la faune restante sur Kadagan.

Nefer Ur lui-même est actuellement occupé par le projet "Carcasse", qui est en quelque sorte lié à une possible protection contre Tep. D'après mes informations, le projet "Carcasse", situé en plein centre de la ville, neutralisera d'une manière ou d'une autre la menace de ce Dieu de la Mort à l'avenir, ainsi que celle d'autres dieux potentiellement dangereux. À l'heure actuelle, "Carcasse" est encore loin d'être achevé, et Nefer Ur se concentre entièrement sur sa mise en œuvre, laissant le contrôle de Sar-Iram à Negus Shuponu.

Enfin, à mon avis, le projet clé mené par Negus Jibayid est celui des vols spatiaux à courte portée au-delà du plan astral. Ce programme, en cours de développement depuis longtemps, devrait finalement nous permettre d'atteindre le satellite naturel de Sarnaut, la lune, qui aurait survécu au Cataclysme. Pour l'instant, le premier vol orbital est prévu, suivi d'autres...

Le plus grand exploit dont les autres habitants de Sarnaut composeront des légendes."

Il termina son rapport. Il ne pouvait rien dire d'autre, mais ce n'était pas tout. Il devait encore trouver un moyen de se débarrasser de la surveillance et de transmettre les informations nécessaires.

"Je veux aller faire un tour... ", dit-il d'un ton désinvolte en appuyant sur le bouton "envoyer". Ses yeux verts brillants suivaient chacun de ses mouvements. Qu'elle reste ici et fouille dans ses affaires, mais il devait y avoir un autre moyen de communiquer.

Il sortit dans la rue. Sar-Iram était bondée et bruyante, comme elle l'avait toujours été depuis sa création. Il trouverait un moyen de transmettre le message.

L'agent Sarang Makalani sortit dans la rue et disparut dans la foule. Un peu plus tard, quelqu'un glissa un mot dans l'espace entre le mur et un vieux projecteur holographique. Et si quelqu'un pouvait lire ce qui était écrit, il verrait ces lignes :

"Tout le monde ment. Le port spatial n'est qu'une couverture. Ils sont déjà là."