Rêves sur le Grand Arbre
Rêves sur le Grand Arbre
14.03.2023

Mayane se réveilla soudainement, au milieu de la nuit. Doucement, elle leva la tête et écouta attentivement l'obscurité. Il semblait que l'écho de la voix qui'elle avait entendue dans son rêve était toujours présent. «Vous n'obtiendrez jamais ce que vous désirez».

Mais.. qu'elle est cette voix? Elle semble à la fois si familière et inconnue. Mayane sentait son estomac se nouer. Ce rêve semblait avoir une importance incommensurable, mais elle n'arrivait pas à se souvenir exactement de quoi il était question.

Sur le matelas à proximité, Yarune s'agitait de droite à gauche. De toute évidence, la sœur de Mayane rêvait également cependant, à en juger par son visage, elle faisait, elle aussi, un cauchemar.

Mayane tenta à nouveau de se concentrer et de se souvenir de son rêve. La seule partie qui resurgissait dans son esprit était un immense mur d'eau sombre déferlant sur le rivage. Elle n'avait jamais vu de telles vagues auparavant. D'où viennent elles?

L'intense sentiment qu'une catastrophe imminente approchait, n'a pas permis à Mayane de retrouver sommeil avant l'aube, qui, à son plus grand soulagement, n'a pas tardé. En sortant de sa yourte, elle scruta autour d'elle. Le village s'est réveillé, d'autres heidrun se sont également levés, scrutant le ciel matinale, attendant l'apparition de l'Étoile de la Fortune, ou d'autres signes qui promettent la chance ou l'échec. Cependant, le ciel demeura silencieux cette fois.

Mayane savait que son peuple adorait la chance. Ils croyaient aussi que la chance tournait sont regard vers ceux dont il tombait amoureux. La meilleure façon de faire tomber la chance amoureuse de vous est de vivre le moment présent comme s'il n'y avait pas de lendemain. C'est pour cette raison que les paîens ont essayé de vivre l'instant présent sans se soucier du futur. Personne ne sait de quoi demain sera fait.

Toutefois, cela ne lui suffisait plus - elle n'arrivait pas à chasser ce rêve de ses pensées. Elle savait que les autres races croyaient aux prédictions, aux visions du futur, qui pouvait être interprétées et donc, dans la majorité des cas, évité des catastrophes.

Bien sûr, pourquoi devrions-nous songer à l'avenir lorsque vous vivez dans une vallée verdoyante, réchauffé par les flammes de Muspel, sans danger ni soucis? Même les raids d'Urun, aussi soudains et brutaux soient-ils, semblaient inévitables, comme une catastrophe naturelle pourrait l'être. Néanmoins, en dehors de notre vallée, des vents glaciales soufflaient et la capacité à connaître l'avenir était cruciale là-bas.

«Iriko!», pensa Mayane. Le vieux sage pourrait à coup sûr l'aider. Il voyait plus loin que la plupart des heidrun, descendant d'Ilko lui-même. Ilko, il a autrefois répondu à l'appel des autres peuples et a mené sa tribu dans une glorieuse guerre qui leur ont accordés, à tous, de long siècles de paix.

Elle le trouva à l'endroit exacte où elle s'y attendait. Le vieil heidruin se tenait au bord de la vallée, fixant attentivement l'horizon.

«J'ai fait un rêve,» dit doucement Mayane. «Quelque chose s'est produit dans le monde.»

«Beaucoup de choses de passent dans notre monde, mon enfant», précisa Iriko sans daigner se retourner. Il s'attendait sans doute à cette conversation.

«Mais, ces visions peuvent-elles vraiment se produire? Et, qu'est-ce qui nous attend?»

«Nos amis en sont persuadés. Une fois, Seyda a prédit l'avènement du grand Vide. Pourtant, une partie de sa prophétie demeura non interprétée.»

«Le destin est scélérat, le temps impitoyable
Les siècles ont passé, le mal est inévitable
L'Obscurité châtiera, sa colère redoutable
Les ténèbres gouverneront, le chaos indescriptible

Je le vois, c'est bien réel, le Grand Arbre se fane
Un vieil ennemi se réveille, sa mémoire en profane
Les morts se tourmentent, leur paix ébranlée
L'horreur nous enserre, l'avenir condamné

Le froid mortel frappera, la neige impitoyable
Ainsi que d'innombrables ennemis, leurs yeux implacables
Dont la fourrure est blanche comme neige, leur morsure redoutable
Je le vois au travers du temps, l'effroi est inévitable».

— Mayane relève ce mémoire. Bien sûr, elle se souvint de ce vers. Tout les habitants de cette île la connaissent. - «Est-ce que ce temps est vraiment venu?»

«Tu peux le voir par toi-même, mon enfant.» termine Iriko en pointant vers le ciel. Mayane leva les yeux. Là, au-dessus de l'horizon, convrant les cieux, s'élevait le Grand Arbre, dont la cime émettait des lueurs brillantes, couvrant la voûte céleste, s'étendant au loin dans toutes les directions.

Les larmes aux yeux, elle vu autre chose. Une feuille fanée tournoyantes tombant sous ces yeux attristés.

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